A quelques jours du grand derby pour lequel il fera le voyage jusqu’à Rome afin d’y assister et malgré les nombreuses sollicitations dont il fait l’objet, Ousmane Dabo a accepté de se livrer à Calciomio et de raconter en exclusivité aux calcionautes l’atmosphère d’un « derby comparable à nul autre ».

Vous avez arrêté votre carrière il y a maintenant deux ans, qu’est ce que vous devenez ?

Je suis basé à Paris et en plus de m’occuper de ma famille, je consacre une bonne partie de mon temps à ma marque de vêtements, French Deal, que j’ai lancée avec des associés en 2009 (www.frenchdeal.biz).

Est-ce difficile de se recycler à l’issue d’une carrière de footballeur professionnel ?

Oui, ce n’est pas évident car depuis tout jeune on se trouve sur des rails. J’ai quitté mes parents à treize ans pour rejoindre le centre de formation de Rennes, j’ai passé plus de 20 ans dans le monde du foot, donc c’est difficile de trouver un travail plaisant dans lequel on se sent compétent. Non, vraiment, ce n’est pas évident de se reconvertir.

Sur vos quinze saisons au plus haut niveau, vous avez joué pendant plus de dix ans en Italie, simple hasard ou véritable passion pour ce pays et ce football ?

Je pense que j’étais fait pour ce pays et pour ce championnat, j’avais un jeu fait pour le calcio. Lorsque j’ai débarqué en Serie A, il s’agissait du meilleur championnat au monde, j’ai adoré cette époque, tous les meilleurs joueurs du monde étaient réunis, c’était l’endroit où il fallait être. Au final, je suis vraiment satisfait d’avoir évolué aussi longtemps dans un championnat aussi difficile.

Justement, le championnat italien était le plus relevé au monde lorsque vous êtes arrivé mais vous l’avez quitté il y a trois ans, complètement dépeuplé de ses stars. Quel regard portez-vous sur ce changement de statut et comment l’expliquez-vous ?

Le calcio n’a pas évolué comme il aurait dû le faire. Il aurait dû suivre l’exemple du chemin pris par l’Angleterre où les clubs sont devenus propriétaires de leur stade. En Italie, on a manqué un virage et petit à petit, les clubs ont eu de moins en moins de moyens pour recruter de grands joueurs. Le championnat reste tout de même très compétitif. D’ailleurs, quasiment tous les joueurs composant l’équipe nationale vice-championne d’Europe l’an dernier évoluent en Serie A, ce qui démontre bien que c’est un championnat très relevé.

Parmi les nombreux clubs par lesquels vous êtes passés, quels sont ceux qui vous ont le plus marqué ?

Sans aucun doute la Lazio. J’y ai passé beaucoup de temps, c’est dans ce club que j’ai pris le plus de plaisir, que j’ai gagné des titres. Je me suis bien senti partout mais c’est vrai que j’ai eu un coup de cœur pour ce club, qui me ressemble et qui m’a marqué.

Pour les villes, où vous êtes-vous le plus trouvé à votre aise ? Vous avez préféré la quiétude parmesane, la mondanité milanaise ou la dolce vita romaine ?

J’ai beaucoup apprécié Rome car j’avais besoin de pression pour rendre au maximum et dans la capitale italienne, on est servi. On y vit le foot 24h/24h avec toutes les radios régionales, les  supporters qui sont très présents, il y a vraiment une énorme pression et j’avais besoin de ça.

Vous avez disputé de nombreux derbys que ce soit à Milan, à Manchester ou à Rome ; dimanche se jouera le derby de Rome le plus important de l’histoire, racontez nous un peu l’atmosphère du derby de la capitale, en quoi est-il si différent des autres ?

Il est complètement différent des autres, c’est même incomparable. Il est plus important pour les supporters : dès que l’on signe à la Lazio, ils ne cessent d’en parler, même lorsqu’il a lieu quatre mois plus tard, il y a toujours quelqu’un pour nous dire « il faut gagner le derby». La tension aussi est très forte, incroyable même. C’est plus fort qu’ à Manchester ou à Milan, ce derby est comparable à nul autre. Je pense que c’est l’un des plus chauds et ce qui se fait de mieux au monde avec les derbys d’Istanbul et de Buenos Aires.

Quel a été le plus beau des derbys que vous ayez eu à disputer ? Le 3-1 de janvier 2004 avec Di Canio, le 3-2 de mars 2008 avec le but à la dernière seconde de Behrami ou celui de l’année suivante au cours duquel la Lazio s’imposa 4-2 en avril 2009 ?

Ce n’est pas facile d’y répondre, mais je dirais que le 3-1 avec Di Canio est mon préféré car nous étions donnés perdants, nous étions mal classés alors que la Roma faisait une bonne saison. Ce jour là, nous avions vraiment bien joué, en étant au-dessus sur le plan technique.

Cette coupe d’Italie, vous l’avez remporté à deux reprises avec le maillot laziale : en 2004 face à la Juve en compagnie des Stam, Claudio Lopez, Favalli, Peruzzi et Mancini comme entraineur. C’était votre première saison sous le maillot laziale, quel souvenir en gardez-vous ?

Je n’avais pas beaucoup joué en finale mais je garde un très beau souvenir de cette épopée car j’avais joué quasiment tous les matches de coupe. J’ai un super souvenir de cette saison, nous avions une très grosse équipe, nous aurions même dû faire mieux en championnat que cette sixième place. Avec l’équipe qu’on avait, on pouvait vraiment viser la première place. En tous cas, il y avait un super groupe, une super ambiance, on mangeait souvent ensemble avec les Corradi, Giannicheda, Couto, c’était super.

Après un intermède d’un an et demi à City, vous revenez à la Lazio après avoir failli signer à Siena et remportez la finale de coupe d’Italie à l’Olimpico face à la Sampdoria en marquant le penalty victorieux. Quelles images de cette formidable soirée de mai 2009 vous viennent à l’esprit ?

C’était le destin que je revienne à la Lazio, surtout après cette expérience à City. C’est dur, en règle générale, de revenir dans un club et le président Lotito m’a redonné une chance et puis c’est à moi que revient la chance de marquer ce dernier tir au but  lors de la séance des pénaltys. C’est le destin, un moment incroyable avec 60.000 supporters laziales à l’Olimpico. Vous savez, il n’ y a pas beaucoup de joueurs qui permettent à leur équipe de gagner une coupe, c’est très rare. C’est sans aucun doute le plus beau souvenir de ma carrière avec mes sélections en équipe de France.

Racontez nous justement votre expérience sous le maillot bleu et la Coupe des confédérations 2003…

Elle ne revêt pas l’importance d’une coupe du monde mais cette coupe des confédérations est un titre que j’apprécie énormément. En plus, c’était avec la grande équipe de France avec les Barthez, Thuram, Henry, Desailly, Lizarazu et j’en passe… Donc je suis fier, même si je n’ai pas eu beaucoup de sélections au final, d’avoir évolué sous le maillot bleu et que Santini m’ait remarqué à l’Atalanta car, à cette époque, la concurrence était  presque injouable à mon poste…