La Roma et ses dirigeants ne furent pas mentionnés en 2006 pendant le procès sportif, ni impliqués dans le procès pénal de Naples. Ils n’ont cependant pas eu l’hypocrisie de revêtir le smoking blanc de l’innocence, ni n’ont réclamé de scudetto pour cela. Mme Sensi déclarant d’ailleurs, après la révélation des “péchés” de l’Inter aux débats de Naples, que les scudetti non gagnés sur le terrain ne l’intéressaient pas.

Une dignité et une prudence dont les dirigeants de la Roma se félicitèrent sûrement car, un peu plus tard, les défenseurs de Moggi, présentèrent au tribunal pénal quelques écoutes des dirigeants du club giallorosso les montrant en train de se comporter exactement comme leurs collègues de la Juve, Milan, Inter, Fiorentina, Lazio etc.., c’est à dire invitant les «désignateurs» à des repas discrets ou leur téléphonant pour solliciter un traitement plus favorable par les arbitres. Le 10 Mai 2005, alors que la Roma est dans une position difficile au classement, un dirigeant de la Roma, (identifié comme étant probablement Pradé), téléphone à un dirigeant de la FIGC (Mazzini?). Les carabiniers attribuent 3 moustaches rouges à ce coup de fil dans lequel le dirigeant romanista parle de sa présidente, Mme Sensi, très déprimée par le risque de voir la Roma en B et demande avec insistance que la FIGC lui «donne un signal fort de son support». Un déjeuner entre la FIGC et le dirigeant de la Roma est organisé, prévoyant de «prendre le café avec Mme Sensi».

Dirigeant Roma: C’è sta poraccia (R. Sensi ndr.) sta’ così, secondo me ha anche bisogno di qualche segnale dall’alto… ….sta’ a pezzi proprio… quindi secondo me se qualcuno gli dà un segnale di star tranquilla, di star serena la situazione è sotto controllo questa una boccata di ossigeno la prende… Secondo me un segnale bisogna pure darglielo…

Dirigeant FIGC: Senti fa’ una cosa, quando si fa’ l’incontro con *** a Roma, mettiamo noi si faccia il pranzo, magari si va a prendere un caffé da Rosella Sensi…

DR: Anche, per tranquillizzarla un po’…capito?

DF Va bene dai te lo prometto, o martedi o mercoledì..”

Onze jours plus tard, le 21 Mai 2005, à la veille du match décisif de la Roma pour sa permanence en A, le dirigeant FIGC Mazzini et le directeur Pradé se téléphonent en ces termes, tout à fait dignes d’un trio de «moustaches rouges» eux aussi:

Mazzini. “Sono Innocenzo Mazzini, sono il tuo presidente…”

Pradé. “Mamma mia, ma come è possibile che non rispondo a te, ma scherzi. Con quello che stai facendo per noi. Non lo avevo sentito Innocenzo…Ce l’ho… Avevo il vibra….” (avec ce que tu fais pour nous)

M. “Dimmi un po’ come tu vai”

P. “Eh, che ci devi di’… Lo sai che punto molto su di te eh?” (je compte beaucoup sur toi)

M. “Oh, che devo fare di più?”

P. “Niente, devo passare domani e poi c’è un grande futuro. E anzi, se passate domani mi piacerebbe tanto incontrarti e parlarti. Anche la dottoressa Sensi. Incontrarci”

M. “Comunque troverai un ambientino… Meno male che tu sei tutelato molto… Perché c’è un grande arbitro”

P. “Quanto grande?”

M. “Grandissimo…”

P. “Vabb …”

Dans sa déposition spontanée de l’audience du 25.10.2011, à Naples, le «désignateur» Bergamo, confirme d’ailleurs ce qu’il a toujours affirmé aux enquêteurs depuis 2006, et que les écoutes retrouvées démontrent sans l’ombre d’un doute: Tous les clubs parlaient avec les «désignateurs», tous organisaient des déjeuners discrets: La Roma incluse. « ..Le cene: posso ricordare che sono stato a parlare con Sensi, con Governato della Lazio, con Spinelli (Livorno ndr), con Aliberti della Salernitana, con Corsi dell’Empoli, con Spalletti dell’Udinese, con Cinquini del Parma, con Tanzi, con Sacchi, con Lucchesi…». Tandis que l’autre «désignateur» insistait lui aussi sur la généralisation des contacts personnels et de la mauvaise habitude qui consistait à discuter des grilles d’arbitres dans le Calcio (Déposition devant Palazzi du 28.10.2010 , page 12 de son rapport) «(ho) avuto “rapporti personali pregressi con alcuni dirigenti delle società calcistiche tra cui, a titolo esemplificativo ….con Luciano Moggi, ‘” con Giraudo, …. con Romero …. con Zaccarelli ‘” con Facchetti, … con Galliani, … con Meani … con Foschi .,. con Nello Governato, .. , con Ferlaino, Dal Cin e Franco Sensi, … con i fratelli Matarrese, .. ,Sacchi, Baraldi e Tanzi..» « (Anche) in particolare con Cellino, Preziosi, Spinelli, CampedeIli, Romero per il Torino, Pastorello, Facchetti, Dal Cin, Meani, Galliani, Governato (per il Brescia e per la Lazio), Gasparin per il Vicenza, Foti per la Reggina, Corioni, Randazzo per l’Atalanta, Cinquini del Bologna e Corsi dell’Empoli con i quali (avevo) colloqui telefonici aventti a oggetto le griglie arbitrali”.

Un autre enregistrement, bien connu, utilisé par la Juge Casoria comme caractéristique du panier de crabes que sont la FIGC et la Ligue, implique Baldini, D.S. de la Roma à l’époque, et le cadre FIGC Mazzini:

Page 429-436. Progr. 8222. 04/04/2005.
L’enregistrement montre Baldini demandant, en insistant lourdement, à Mazzini de présenter un certain Castagnini à Moggi comme étant fâché avec Baldini, dans le but de le rendre sympathique à Moggi, pour que celui-ci appuie sa nomination comme Directeur Sportif de l’Arezzo (alors en Serie B) auprès d’un président ami de Moggi (Les ennemis de mes ennemis sont mes amis), ce que le tribunal interprète comme un indice de la puissance de Moggi dans ce milieu. Baldini et Mazzini mettent au point une petite fable pour faire avaler l’hameçon à Moggi. La juge fait une allusion à la partie gênante pour Baldini de cet enregistrement dans lequel, (un an avant Calciopoli), Baldini dit à Mazzini qu’il va faire le «grand chambardement» pour lequel il vit «…quando faro il ribaltone, è tanto lo faro perché io vivo per quello, fare il ribaltone e buttare tutti di sotto dalla poltrona…» promettant de peut-être sauver son interlocuteur «io ti salverò forse». La juge note que Baldini accusa Carraro, Galliani et Giraudo, auprès du Col. Auricchio. Il est gênant aussi pour Baldini et pour le chef des enquêteurs Auricchio, que les questions de la juge et des avocats de la défense et leurs propres versions contradictoires, forcent les deux compères à reconnaitre à la barre qu’ils se connaissaient et se fréquentaient dès 2004, bien avant Calciopoli. Alors que Baldini avait nié le fait, sous serment, dans un procès précédent, (celui de la GEA). Ce qui pour certains est un indice que Baldini (grand ennemi de Moggi) a peut être, comme il le revendique d’ailleurs, effectivement déclenché Calciopoli. Ironiquement, les détracteurs de l’ont ainsi surnommé ce dernier “il ribaltato” (le chambardé) après son retour à la Roma soldé par les échecs que l’on connait, l’arroseur arrosé.

Enfin un dernier passage de la juge presque résignée
Page 437: «….la conversazione è significativa anche perché presenta la comunanza di fiume di parole e discorsi di ampia portata, da cui il pubblico ministero (Le P.M. Narducci ndr.) ha tratto elementi per dimostrare l’esistenza dell’associazione avente il capo in Moggi…»

==> c’est à dire, cette conversation a la même teneur que celles utilisées par le PM pour démontrer l’existence d’une association ayant Moggi comme chef.