Le Docteur Socrates au service de la Viola

Par Stephen Piris publié le 04 Déc 2016
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Fiorentina

Il existe des joueurs dont l’impact a dépassé les frontières et les limites du Football. Socrates en fait, bien entendu, partie. Son nom, déjà, n’est pas choisi au hasard. Son père, géniteur d’une fratrie dorée dont fait partie l’ancien capitaine du Paris Saint-Germain : Rai, voulait en faire un leader, un penseur, un homme d’influence. Force est de constater que ses volontés ont été assouvies. Diplômé en médecine, il est, depuis le plus jeune âge, engagé politiquement dans un Brésil encore, à l’époque, soumis à un régime dictatorial oppressent. Ce mode de fonctionnement s’étend jusqu’à la gestion des clubs brésiliens. A son arrivée dans le cursus professionnel, il déclare que « 90% des joueurs ont des conditions inhumaines, ils sont des esclaves modernes« .

Si jeune et déjà si réaliste. Pour remédier à ces conditions déplorables, il met sa philosophie personnelle au service du club auquel il sera à jamais lié, les Corinthians de Sao Paulo. Instigateur de la « démocratie corinthiane » qui permet à tous les acteurs du club de pouvoir voter toutes les décisions le concernant, il ajoute une facette révolutionnaire à son profil de joueur idolâtré. Géant aux pieds de velours, il constitue, avec Zico notamment, la dernière Seleçao romantique. Une de ces sélections brésiliennes qui régalait en mondovision dans une ère où les diffusions de matches se faisaient rares. C’était en 1982, son Brésil se heurte au froid réalisme de Paolo Rossi. L’aventure s’arrête au second tour (anciennement quarts de finale). Au bord des larmes, cette rencontre marque aussi le début de son histoire avec le pays transalpin.

Des grandes pompes au quasi-anonymat

Nous sommes à l’été 1984. Son compère brésilien Zico sort d’une première saison réussie à l’Udinese. Ce pari réussi incite le président florentin Ranieri Pontello à se pencher sur le profil du révolutionnaire carioca. Après quelques inquiétudes au sujet de l’état physique du longiligne créateur (Socrates fumait plus d’un paquet de cigarettes par jour et se morfondait peu à peu dans l’alcool), il fut conquis par le caractère singulier de celui qui pourrait offrir une dimension internationale au club florentin. D’autant plus que Socrates se définit comme un joueur à part. « Je prends plus de plaisir à être un homme démocratique qu’ une star de Football« .

Habitué à évoluer dans un système dans lequel il est libre et créatif, à l’image de sa personnalité, son adaptation à une Serie A plus physique et tactique s’avère compliquée. L’autogestion qu’il avait lui-même mis en place aux Corinthians laisse place à de rudes séances d’entrainement qu’il a du mal à supporter. Pire, son hygiène de vie se dégrade et il est fréquent de le retrouver, bière en main, dans les bars florentins au sortir des séances au Campini. Après quelques coups d’éclat, une demi-finale de Coupe d’Italie et un charisme qui assoit sa notoriété, il quitte un championnat qui ne lui correspondait pas. Lui, le joueur hors du commun, l’homme aux idéologies prononcées ne pouvait se fondre dans un environnement où le professionnalisme commençait à prendre place. Il repart, dans un certain anonymat, délivrer ses derniers récitals chez lui, au Brésil. En grand homme qu’il était, avant de conquérir le Monde, c’est dans son pays qu’il se sentait vraiment exister. C’était Socrates, le romantique idéologue aux pieds de velours.




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