Devis Mangia devait assurer l’intérim sur le banc de Palermo en attendant que Ranieri ou Rossi accepte la proposition de Zamparini. Mais sa méthode, le jeu pratiqué et les résultats obtenus, ajoutés au fait que Ranieri soit parti à l’Inter et que Rossi ne veuille pas revenir pour le moment, font qu’il est désormais bel et bien l’entraineur de Palermo et non plus une solution provisoire.

A 37 ans Mangia n’est pas le plus jeune entraineur de Serie A, il a en effet 12 jours de plus que Montella (Catania). Il n’est pas non plus le seul à débuter au plus haut niveau cette saison (Sannino à Siena). Par contre parmi tous les entraineurs de Serie A, il est celui que personne n’attendait. Que celui qui avait déjà entendu parler de lui avant septembre 2011 lève la main! Devis Mangia est un passionné de foot. Il jouait gardien dans sa jeunesse, a essayé de percer mais a très vite renoncé, préférant partir vers des études de droit et vers ce qui le passionne le plus dans le foot depuis toujours: entrainer. Très jeune il dirige dans plusieurs équipes de jeunes, puis connait quelques expérience en Serie C2. La saison dernière il entrainait la primavera de Varese avec qui il a atteint la finale du championnat. Le directeur sportif du club, Sogliano, en partance pour Palerme, le fait venir avec lui et lui confie l’équipe première suite au licenciement précoce de Pioli.

Entrainer Palermo est difficile, tout le monde le sait. A cause de Zamparini bien sûr, mais aussi à cause du poids de la succession de Rossi. Cosmi et Pioli peuvent en témoigner, ils n’ont jamais été accepté par les joueurs ni par les tifosi et n’ont pas tenu plus de deux mois sur le banc le plus chaud d’Italie. Mangia a compris qu’il devait marquer le coup dès son premier jour en conférence de presse. Il a alors sorti une phrase en dialecte sicilien invitant les joueurs à se réveiller (« namu arruspighiari u sangu », qu’il a mal prononcé !) et a immédiatement signalé qu’il mettrait Miccoli au centre de son équipe, un Miccoli en grande forme et un petit peu délaissé par ses entraineurs depuis quelques mois. En quelques secondes il a ainsi réussi à transformer la peur de l’inconnu en a priori positif. Il passe pour le sympathique de service. Mangia a toujours le bon mot et est invité sur tous les plateaux radio et télé d’Italie depuis trois semaines.

Best of

« On a battu l’Inter, Zamparini me laissera bien faire un autre match sur le banc. »
« Qu’est ce qu’il a manqué à Bergame ? Une barque et des rames vu l’état du terrain. »
« Comment arrêter Cissé et Klose ? Le plus simple serait de les ligoter dans le vestiaire avant le match. »
« J’étais tellement impressionné par l’Olimpico que j’ai demandé au médecin de se tenir à côté de moi avec le défibrillateur. »
« Est-ce qu’Ilicic est comparable à Ibrahimovic ? Oui, le “c” final est le même »

C’est ainsi, avec seulement 10 jours de préparation, sans les internationaux, et un groupe nouveau au moral à zéro, que le nouvel entraîneur rosanero prépare le début du championnat contre l’Inter. Son credo ? Un 4-4-2 très offensif très exigeant physiquement et demandant beaucoup d’agressivité. Imposer un nouveau système constitue une petite révolution dans une équipe qui jouait depuis trois ans en 4-3-1-2 ou en 4-3-2-1, même s’il est vrai que l’effectif a beaucoup changé. Il semble avoir réussi à faire revivre certains joueurs. Tout le monde ne joue pas exactement à son poste mais pour le moment l’équipe se donne à fond. Réussir à se faire respecter ainsi dans un groupe de Serie A à 37 ans et avec un CV vide n’est pas peu de chose. Dernière chose à signaler sur Mangia, qui est loin d’être anecdotique, cela concerne son salaire. Il ferait presque figure de misérable, avec ses 90 000 euros annuels (salaire de son poste d’entraineur de la primavera) il est de loin moins bien payé que la plupart de ses joueurs et que tous les entraineurs de Serie A. On parle déjà d’une revalorisation salariale dans l’entourage du club rosanero, mais l’intéressé ne veut pour l’instant pas en entendre parler, son contrat actuel le maintenant sous pression d’après lui.

Sa situation reste précaire, mais Mangia apporte une grande vague de fraicheur dans le foot italien. Pourvu que cela dure.