Ceci n’est pas un article sur Ciro Ferrara. Il ne concerne pas non plus le prétendu « roi de la belle », alias Antonio Ferrara, mais un dénommé Borisio. Nous allons le suivre de sa naissance à sa mort.

Été 2006, une blague de potache défraie la chronique. Deux potes décident de faire une farce sur un forum dédié à l’A.S. Saint-Étienne en propageant une rumeur de transfert concernant un joueur fictif de Livourne qu’ils ont nommé Borisio Ferrara. La suite, ils la racontent sur leur site internet. En résumé le nom du joueur fait sa première apparition sur un forum internet le 18 juillet 2006. La sauce ne prend pas tout de suite parce que des petits malins voient bien qu’il n’y a aucun Ferrara dans l’effectif du Livorno de l’époque. Qu’à cela ne tienne ! Nos deux artistes appellent des amis à la rescousse qui vont soutenir la véracité de l’information sur différents forums. Quelques heures plus tard, ils poussent le vice jusqu’à rédiger un faux article de la Gazzetta dello Sport dans un italien plutôt approximatif et écrivent des messages sur des forums italiens. Cela suffit à rendre la rumeur vraisemblable pour le journaliste sportif italien Franco Rossi, l’essence de sa profession et de relayer des informations vraisemblables plus que réelles.)

C’est à ce moment là que « affaire Ferrara » prend une proportion inattendue, qui fait que nous en parlons aujourd’hui. Dans son édition du vendredi 21 juillet 2006, France Football évoque le possible transfert de Borisio Ferrara en quelques lignes. Deux grands sites internet et un autre journal papier reprennent l’information dans les jours qui suivent. Dans le journal But! Saint-Étienne, son nom est même orthographié de deux façons différentes non conformes à l’original ; il y est en effet appelé Ferreira, puis Ferrarra. Ce genre d’erreur est monnaie courante lorsque l’on écrit à propos de joueurs peu connus, mais cette fois-ci, il change même de nationalité en devenant Brésilien.

Si cette rumeur a eu une vie et une croissance rapides, d’autres histoires extraordinaires se trouvent dans un état latent avant d’éclater dans les grands médias. En mars 2004, une boutade sur le site xbox-mag.net invente et évoque sur le ton de l’humour le suicide rocambolesque de 147 Japonais, morts à cause du report d’un jeu vidéo. Surtout, leur autolyse a été provoquée par l’absorption de poches de silicone, en référence aux poitrines généreuses au-delà du vraisemblable des héroïnes qui peuplent le jeu en question. Ce n’est que le 1er novembre 2004 que le quotidien Libération relaie la nouvelle plus très fraîche. Le 21 novembre 2004, l’histoire débile se retrouve dans le journal télévisé de France 2, au milieu d’un reportage sur les suicides collectifs.

Pensons enfin à Alexandra Paressant, l’amie des footballeurs. Ses histoires avec Ronadlinho, Materazzi et Cobos ont fait le tour du net plusieurs fois. Des esprits plus critiques que d’autres avaient réussi à démontrer la supercherie, pourtant les rumeurs ont continué à se propager comme une trainée de poudre pendant de longs mois, alors que tout partait d’articles de blogs ou de messages sur des forums bourrés, mais alors bourrés de fautes d’orthographe.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la publication de telles supercheries dans les média semble évidemment toujours possible. Avis aux apprentis sorciers : les choses ont quand même quelque peu changé depuis ces temps reculés, Wikipedia a pris de plus en plus d’importance par exemple et il faudra également tenir compte de la circulation de l’information comme de la désinformation sur les sites qui s’autoproclament « réseaux sociaux » (Facebook…)

La morale de ces fables modernes c’est que personne ne vérifie ses informations, pas plus sur Calciomio qu’ailleurs. Avec le mercato estival, le petit monde du football est en effervescence : la chasse aux joueurs et aux scoops est ouverte ! Le site interiste www.interistiorg.org essaye de référencer tous les joueurs liés au club nerazzurro par la presse. La longue liste qui en résulte permet de mesurer le ridicule de la situation.
So trust no one, et surtout méfiez-vous des CONTREFAÇONS !