1900 : la fondation

Luigi Bigiarelli, un des fondateurs de la Lazio

C’était une matinée froide de janvier 1900 dans un bureau situé Piazza della Libertà que neuf garçons de la petite bourgeoisie romaine décidèrent de fonder un club de sport. Le fondateur “officiel” de la Lazio fut Luigi Bigiarelli, même si les chroniques de l’époque relatent qu’ils sont bien neuf à donner naissance au club biancoceleste. Outre Bigiarelli, participèrent en effet son frère Giacomo, Odoacre Aloisi, Alceste Grifoni, Galilée Masse, Arturo Balestrieri, Enrico Venier, Alberto Mesones et Giulio Lefevre. C’est exactement le 9 Janvier 1900 que ces neuf personnes ont décidé de créer la Società Podistica Lazio. On choisit le nom de Lazio afin de rallier une entière région et pas seulement la ville. Si c’est seulement en 1910 que la section football est créée, le premier match est disputé en 1902 (ou 1904) contre la Virtus, club venant d’une scission de la Lazio.

1900-1927 : Les premiers pas

La Lazio vice-championne d’Italie en 1913

Pendant longtemps la Lazio va disputer le championnat romain voire toscan, affrontant bien souvent les autres clubs de la ville de Rome et les battant régulièrement. La FIGC refusant la participation aux équipes de centre-sud jusqu’à la saison 1912-13, c’est donc tard que la Lazio participe à son premier championnat. Elle gagne sa poule régionale puis la finale de la zone Sud face à Naples, s’octroyant le droit de disputer la finale du championnat face à la Pro Vercelli, mais la Lazio est logiquement battue 6-0 par une équipe beaucoup plus compétitive et structurée depuis des années. Rebelote la saison suivante, avec 14 victoires consécutives (record battu par l’Inter en 2007) avant de disputer la grande finale contre Casale et de subir une lourde défaite (9-1 sur l’ensemble des deux matches). Mais la Lazio est bien la meilleure équipe du Centre/Sud de l’Italie et peut s’enorgueillir de débuter par deux titres de vice-championne.

Le Général Giorgio Vaccaro qui empêche la disparition de la Lazio pour fonder l’AS Roma

La première guerre mondiale fait perdre quelques places à la Lazio dans la hiérarchie des clubs péninsulaires. Incapable de passer la phase de poule régionale pour la reprise des compétitions en 1919, échouant en demi-finales régionales la saison suivante avant une nouvelle élimination dès les poules lors de l’exercice 1921-22. Le système de division du championnat Nord/Sud permit à la Lazio d’atteindre une nouvelle fois la finale nationale en 1923 en remportant d’abord le championnat méridional, mais c’est une nouvelle défaite, cette fois face au Genoa. Un an plus tard, Guido Vaccani tire sa révérence en tant qu’entraîneur de la Lazio après 18 ans. En 1925, le club est rebaptisé Società Sportiva Lazio, la réforme des championnats envoya ensuite la Lazio en deuxième division lors de la saison 1926-27, remportant son groupe elle remonte parmi l’élite. Quelques jours plus tard, en pleine période fasciste, le PNF (Parti National Fasciste) décide de réunir tous les clubs de la ville éternelle et d’en former qu’un seul. Mais le général Vaccaro refuse cette fusion et la Lazio n’est pas incluse dans cette création, d’où naît notamment l’ennemi de toujours la Roma. Elle participe ensuite à la première Serie A.

1927-1949 : L’ère Silvio Piola

Silvio Piola, meilleur buteur de la Lazio avec 143 buts

La Lazio se sauve difficilement lors du premier championnat national à poule unique, se classant 15ème et perdant les deux premiers derbys contre la nouvelle AS Roma, puis elle s’installe tranquillement en milieu de tableau les années suivantes, on l’appelle la BrasiLazio du fait de la présence de nombreux joueurs auriverde, guidés par la bandiera Ezio Sclavi. Le tournant arrive avec la signature au club de Silvio Piola, celui qui est encore aujourd’hui le meilleur buteur de l’histoire de la Serie A. Il arrive l’été 1934 et la Lazio finit la saison en cinquième position, lors de la saison 1936-37, les biancocelesti passent tout proche du scudetto (en tête à mi-parcours) remporté par Bologna lors de la dernière journée, Piola est sacré meilleur buteur cette saison là avec 21 réalisations. Par la suite, la Lazio retrouve une nouvelle fois le milieu de classement.

La Lazio vice-championne d’Italie en 1937

En 1939-40 arrivent d’autres brésiliens, mais ce sont les argentins en particulier et un certain Flamini qui donnent un nouvel élan au club de la capitale qui termine la saison à une belle 4ème place. Deux saisons plus tard, c’est encore une 4ème place sous l’impulsion de Silvio Piola qui porte le maillot laziale pour la dernière en 1942-43 avant l’arrêt des compétitions à cause de la seconde guerre Mondiale, il a marqué en tout 143 buts avec la Lazio. En 1946, le championnat à poule unique reprend ses droits et le président Zenobi doit alors reconstruire la quasi-totalité de son équipe. A cette époque la Lazio tente de régner au milieu des équipes comme Bologna, Torino, le Milan ou la Juventus mais elle doit se contenter du milieu de tableau.

1949-1959: Premier trophée pour les biancocelesti

Le capitaine Bob Lovati soulève le premier trophée du club, la Coupe d’Italie en 1958

Mais tandis que la Roma est reléguée en Serie B, la Lazio enchaîne sur deux belles 4èmes places et s’affirme comme la première équipe “méridionale” de la botte italienne. Malheureusement pour le club, l’année suivante c’est la fin de la présidence de monsieur Zenobi qui avait réussi a réduire l’écart avec les grands du Nord et à remporter sept derbys sur huit. C’est Tessarolo qui lui succède sans grandes performances sportives avant que la Lazio ne relève la tête et finisse par deux fois 3ème lors des saisons 1955-56 et 1956-57. Cette saison, elle battra même 3-0 à la maison les deux premiers du championnat (le Milan et la Fiorentina). Un nouveau président arrive, le club a des problèmes d’argent mais il remporte finalement son premier trophée, la Coupe d’Italie 1958 (première édition organisée depuis le début de la 2nde guerre mondiale) face à la Fiorentina (1-0, but de Prini), et avec Fulvio Bernardini sur le banc de touche, un des premiers, si ce n’est le premier, grand joueur de son histoire dans les années 20. Cependant toujours endetté, le club doit vendre ses meilleurs éléments tels le brésilien Tozzi ou le suédois Telmonsson.

1959-1969 : L’ère Lenzini puis les années noires

Umberto Lenzini, premier président mythique

Conséquence logique, la première relégation en Serie B lors de la saison 1960-61 avec une dernière place, pourtant la Lazio avait de nouveau atteint la finale de la coupe nationale où la Fiorentina prit sa revanche. Loupant le retour parmi l’élite, ce sera chose faite une saison plus tard, précisément en 1963. Pendant trois ans elle serre les dents en se maintenant en Serie A à chaque fois d’extrême justesse. Lors de la saison 1966-67 c’est de nouveau la rétrogradation en Serie B, en s’inclinant lors de la dernière journée contre la Juventus contrainte de l’emporter pour gagner le scudetto. Entre-temps, Umberto Lenzini, ancien joueur de la Primavera laziale, prend la présidence du club. C’est un homme fort, qui a construit sa propre fortune et qui annonce d’entrée la couleur en précisant qu’il sera le seul à tout gérer dans le club. La Lazio échappe de peu à la Serie C et la situation est de plus en plus catastrophique. Saison 1968-69, c’est un retour parmi l’élite avec un championnat de Serie B au palmarès, par ailleurs, l’ancien portier Bob Lovati s’installe sur le banc pour la 1ère fois, et reviendra trois fois en 17 ans.

1969-1980 : Chinaglia + Maestrelli = Scudetto

L’entraîneur Maestrelli et le buteur Chinaglia, symboles du premier scudetto

Au début des années 70 arrivent au club Giorgio Chinaglia et Pino Wilson en provenance de l’Internapoli. Malgré les buts de « China », la Lazio redescend de nouveau en Serie B. L’année suivante Lenzini décide de frapper un grand coup en recrutant un des entraîneurs les plus en vue du moment, Tommaso Maestrelli. Changement payant puisque le club romain remonte immédiatement. C’est un retour par la grande porte, promue, elle se mêle à la course au titre d’un scudetto 1972-73 qui se joue à la dernière journée, à trois minutes de la fin, la Juventus, le Milan et la Lazio sont à égalité de points et on va droit aux barrages, finalement la vieille dame marque et est sacrée championne in-extremis. Qu’importe, puisque en 1973-74, la Lazio est pour la première fois de son histoire championne d’Italie en battant Foggia lors de l’avant-dernière journée, dans un Stadio Olimpico archi-comble grâce à deux joueurs comme Chinaglia, Pulici ou le tout jeune D‘Amico. Une vraie consécration 74 ans après la fondation du club.

Le scudetto figure bien sur le maillot biancoceleste la saison suivante

Cette même année, elle participe à sa première campagne européenne disputant la Coupe de l’UEFA (1er match contre Sion et une victoire 3-0), mais suite aux intempérances de ses supporters, la Lazio est privée de Coupe d’Europe des Clubs Champions par l’UEFA. Après une belle 4ème place l’année suivante, un cancer du foie contraint Maestrelli à laisser sa place, il est cependant prié de revenir pour éviter la descente, alors que pendant la même période la star du club depuis le scudetto Chinaglia s’enfuit, sans explications, aux USA. Un an plus tard, un triste championnat est suivi par la terrible mort du « maestro » Maestrelli rongé par la tumeur et celle de Re Cecconi abattu alors qu’il simulait un braquage dans une bijouterie. Ceci, l’année même où survient l’explosion du jeune Giordano et qui finit meilleur buteur du championnat en 1978-79. Le mauvais sort s’acharne sur la Lazio, en octobre 1979, lors d’un derby à haute tension, une fusée est lancée de la Curva romanista avant le début du match et termine son parcours sur le tifoso laziale Vincenzo Paparelli qui ne survit pas à ses blessures.

1980-1991 : Scandales et Serie C évitée

Le but de Fiorini contre Vicenza qui évite la Serie C

Alors que Bruno Giordano explose côté terrain, la Lazio est au cœur d’un nouveau scandale, le premier calcioscommesse (paris dans le football). Elle est lourdement impliquée. Giordano, Manfredonia, Wilson et Cacciatori parmi les suspectés. La justice sportive ne pardonne pas et la Lazio est condamnée à la Serie B avec le Milan. Le mythique président Lenzini cède sa place, estimant avoir fait son temps dans le monde du football. Le club romain met pas moins de trois saisons à remonter en Serie A grâce notamment au retour de suspension de Giordano et Manfredonia. Revenue parmi l’élite l’été 83, Chinaglia resurgit et prend le club en main, mais l’idole des supporters échoue et la Lazio redescend lors de la 1984-85 suite à une saison catastrophique (2 victoires, 16 buts marqués). De plus, l’été 86, un nouveau scandale de paris éclate, le club est encore impliqué et est contraint de commencer la saison avec 9 points de suspension. Nous sommes à la saison 1986-87 et à 90 minutes du coup de sifflet final, la Lazio est reléguée, une combinaison de résultats lui permet de finir égalité avec Campobasso et Taranto. Il faut donc un barrage à trois pour savoir qui descendra en Serie C, le but de Fabio Poli sauve le club lors du dernier de ces matches face à Campobasso. Le pire est évité et la Lazio retrouve la Serie A la saison suivante.

1991-2002 : Les années de gloire

Nesta soulève la Supercoupe d’Europe en 1999

Après quatre saisons dans le ventre mou, en 1992 arrive à la tête du club l’homme d’affaires et ancien banquier, Sergio Cragnotti. Petit à petit la Lazio entraînée par Dino Zoff se reprend, en commençant par une 4ème place synonyme de qualification en Coupe UEFA, elle voit aussi éclore un joueur issu de chez elle : Alessandro Nesta. Des joueurs importants commencent à arriver au club dont Beppe Signori, triple meilleur buteur du championnat avec la Lazio. En 1994 Zeman s’installe sur le banc, il emmène e club en quarts de la Coupe UEFA et à une seconde place en championnat derrière la Juve. 3ème l’année suivante, la Lazio est une des places fortes de la Serie A et se qualifie chaque année pour l’Europe avec cinq saison consécutives dans le Top 5. L’arrivée de Sven Goran Eriksson l’été 97 est décisive puisque dès lors le club romain va devenir une machine à trophées. Cragnotti croit encore plus en son projet, celui de ramener un second scudetto au tableau de chasse du club. En 1998, la Lazio remporte sa seconde Coupe d’Italie en battant le Milan AC mais s’écroule en finale de la Coupe UEFA face à l’Inter (défaite 3-0), c’est aussi la saison des quatre derbies remportées entre coupe et championnat.

401 matches avec la Lazio pour Giuseppe Favalli, record du club

Glanant sa première Supercoupe d’Italie en battant la Juve, elle échoue également de peu en championnat puisqu’elle se fait coiffer sur le fil par le Milan qui remporte le scudetto à la dernière journée après avoir dominé toute la saison. Mais la Lazio se console, lors de la dernière édition de l’histoire de la Coupe des Coupes en battant Majorque 2-1 à Birmingham et en remportant son premier trophée sur la scène européenne. La saison 1999-00 est certainement l’année que les tifosi de la Lazio garderont la plus en tête. En effet, l’année de son centenaire, le club réussit à remporter son second scudetto aux dépends de la Juventus lors de l’ultime journée (laquelle s’incline à Perugia). Les joueurs tels que Veron, Simeone, Mancini, Nesta, Favalli, Salas, Nedved ou encore Mihajlovic constituent le vrai trésor du club. Ce sera même le triplé puisque la Lazio remporte la Coupe d’Italie contre l’Inter et se paye le luxe en début de saison de battre Manchester United en Supercoupe d’Europe grâce à un but de Salas. Elle atteint également les quarts de la Champions League. La Lazio est tout simplement une des meilleures équipes au monde.

2002-… : L’ère Lotito

Sergio Cragnotti et Claudio Lotito, les deux derniers présidents phares de la Lazio

Cragnotti se met à dépenser sans compter, c’est une deuxième Supercoupe d”Italie en battant l’Inter 4-3 en août 2000. Le club fait des folies en achetant des joueurs à des prix exorbitants tels que Crespo ou Mendieta. Cragnotti décide aussi de se séparer d’Eriksson qui s’était en cachette engagé avec la sélection anglaise. Le club termine troisième laissant filer son scudetto à son meilleur ennemi, la Roma. Les deux saisons suivantes, Sergio Cragnotti qui voit sa société privée Cirio (sponsor du club) faire faillite, vend des joueurs prestigieux tels que Nesta, Nedved, Simeone ou encore Veron pour renflouer les caisses. Mais le club a mal géré ses finances et l’argent ne rentre plus. Malgré cela Mancini, ancienne idole, arrive au club et prend place sur le banc. Cragnotti (7 trophées de l’été 1998 à l’été 2000) part à contrecœur au grand dam des tifosi et cède sa place à Dino Zoff, président temporaire (et passé en tout trois fois sur le banc de la Lazio). Mancini grâce à Claudio Lopez, Stankovic, Fiore ou encore Stam réussit à accrocher une 6ème place en championnat et une quatrième Coupe d’Italie contre la Juventus en 2004, ainsi qu’une demi-finale de Coupe de l’UEFA. Tout le monde ou presque s’en va, le club risque la faillite mais personne n’ose croire que la Lazio puisse disparaître.

Lulic inscrit le seul but du derby le plus important de l’histoire

Plusieurs hommes se succèdent mais c’est Claudio Lotito qui réussit à sauver le club étalant 110 millions d’euros de dettes sur 23 ans. Les tifosi ne lui sont pas vraiment reconnaissants et le club se voit déserté de ses stars. Seul satisfaction, le retour d’une véritable idole Paolo Di Canio. Malheureusement pris de conflit avec les médias pour le célèbre salut fasciste et avec son président, l’enfant de la Curva Nord quitte le club en 2006. Condamné dans le cadre de l’affaire Calciopoli, la Lazio réussit à terminer 3ème et à se qualifier pour la Champions League. Elle commence alors à se reconstruire doucement, emmenée par son capitaine Rocchi et coach Delio Rossi, elle gagne une 5ème Coupe d’Italie en 2009 en battant la Sampdoria aux tirs aux buts, quelques mois plus tard, elle bat même l’Inter de Mourinho en Supercoupe d’Italie à l’orée d’une difficile saison où elle joue le maintien se classant finalement 12ème. Alors qu’Edy Reja a pris place sur le banc des biancocelesti, la Lazio domine le début du championnat 2010-11, pensant se qualifier pour la Champions League, elle finit finalement 5ème et jouera l’Europa League, même scénario l’année suivante. En 2012 l’inconnu serbe Petkovic débarque sur le banc, mais rentre dans le cœur des supporters en remportant une 6ème Coupe d’Italie lors d’une victoire historique face à l’AS Roma, Lulic inscrivant le seul but de la rencontre. Mais l’euphorie retombe vite avec une 9ème place, le licenciement de Petkovic, le bref retour de Reja et l’avènement de Pioli.