La fondation

Le Genoa vainqueur du premier championnat italien de l’histoire

Le Genoa est tout simplement la plus ancienne équipe de football italienne. En effet, elle a été fondée par des Anglais le 7 septembre 1893 au consulat britannique de Gênes sous le nom de Genoa Cricket and Athletic Club. Trois ans après, le mot “Football” remplacera “Athletic”. Le Genoa est donc le doyen des clubs italiens et dispute le premier match de football de l’histoire de l’Italie contre une formation mixte de l’International Torinese et du Football Club de Torino. Ce n’est pas un hasard si le football en Italie a vu le jour à Gênes, en effet, il s’agissait d’un des ports importants suite à l’ouverture du canal de Suez. Et beaucoup de marchands étrangers (et donc anglais) transitaient en Ligurie. Parmi les fondateurs, on retrouve Sir Charles Alfred Payton, consul de sa majesté et Charles De Grave Selle premier président.

1898-1915 : la domination du doyen

Une phase de jeu de la finale de 1903 contre la Juventus

En mai 1898, en l’espace d’une journée se dispute le premier championnat de football d’Italie. Seulement quatre équipes sont inscrites, le Genoa bat l’International Torino 2-1 en finale et s’offre le premier scudetto. C’est le début d’une domination écrasante, puisque les rossoblu remportent six des sept premiers championnats disputés dans l’histoire du football italien. Grâce notamment à l’apport de James Spensley, entraineur-joueur. L’année suivante l’Internazionale Torino est encore battue, puis la FC Torinese en 1900, seule la défaite contre le Milan en 1901 interrompt ce cycle victorieux. Entre temps, il est le premier club italien à jouer un match à l’étranger (à Nice).

L’anglais William Garbutt premier grand entraineur de l’histoire du football italien

La marche en avant reprend donc avec trois nouveaux scudetti consécutifs, le Milan et la Juventus par deux fois sont les équipes battues. Le cycle prend fin, mais les rossoblu se classent encore 2èmes en 1904 et 3èmes en 1906, fléchissant l’année suivante en étant éliminés par l’Andrea Doria lors des éliminatoires de la région Ligurie. L’équipe est vieillissante et a besoin d’être renouvelée, tandis que les adversaires deviennent tout simplement meilleurs. L’arrivée de l’anglais William Garbutt en 1912 va relancer le Genoa, premier coach pro de l’histoire du foot italien,il obtient  deux secondes places derrière la Pro Vercelli et Casale puis le 7ème scudetto en 1915 grâce notamment à la suspension du championnat suite à l’entrée en guerre de l’Italie lors du premier conflit Mondial, plusieurs lauréats périrent sur les champs de bataille.

1915-1941 : tout près de l’étoile

Le Genoa vainqueur de son 9ème et dernier scudetto en 1923

Le club reprend son activité, la période british est terminée, on trouve désormais presque que des joueurs autochtones dont Renzo De Vecchi, premier grand joueur de l’histoire du football italien. L’entraineur est le même qu’avant la guerre, l’anglais William Garbutt. Le 8ème scudetto arrive lors de la saison 1922-23, sans perdre le moindre match et en battant la Lazio en finale, coup double l’année suivante avec la conquête du Scudetto numéro 9 en battant les napolitains de Savoia, c’est à ce jour le dernier championnat remporté par les rossoblù. L’étoile synonyme de 10 scudetti fut toute proche contre l’équipe de Bologna plus ou moins avantagée par la fédération (dont le vice-président était bolognais) lors de la saison 1924-1925, remportant les barrages (au bout du troisième match et dans des conditions douteuses) valant la finale nationale contre l’Alba Roma. Deux ans plus tard, le Genoa passe encore une fois tout proche de cette étoile terminant deuxième derrière le Torino tandis qu’Edoardo Catto enchaine les buts, 96, record all-time du club toujours à battre.

Le Genoa remporte la Coupe d’Italie en 1937

La Serie A a vu le jour et le Genoa – qui s’appelle Genova 1893 sous le fascisme – termine deuxième de la première édition derrière l’Inter, on accueille aussi le meilleur buteur de la première Coupe du Monde, l’uruguayen et champion du Monde Guillermo Stabile qui subit malheureusement de graves blessures. Enfin, à noter la présence du mythique Giovanni De Prà dans les buts et de Felice Levratto en attaque. Le Genoa n’est plus l’ogre du début du siècle et goute pour la première fois à la Serie B en 1934. Le retour parmi l’élite est immédiat et les rossoblù sont toujours dans la première partie de tableau avec en bonus sa première coupe d’Italie remportée en juin 1937 contre la Roma. La saison suivante est marquée par la première victoire lors d’un derby de Gênes en Serie A, contre le Liguria ancêtre de la Sampdoria. Le Genoa squatte le Top 5 du football italien avec une 3ème place en 1938 à trois points de l’Inter championne. Dans la foulée, trois rossoblu sont sacrés champions du monde, le Grifone reste une des places fortes du football italien juste avant le second conflit mondial, avec cinq top 5 de 1937 à 1943.

1943-1970 : Décadence et Serie C

Le Genoa lors de la saison 1947-48

Lors de la reprise des championnats en 1946, le Genoa est définitivement redimensionné, devenant une équipe de milieu de tableau. Dernier sursaut lors de la saison 1948-1949 avec un titre de champion d’hiver avant de s’écrouler. Pour la seconde fois, les rossoblù connaissent les affres de la relégation, bons derniers de la saison 1950-51, la montée est là aussi immédiate avec un deuxième titre de champion de Serie B. Mais ce n’est que pour mieux faire de la figuration avec une 9ème place comme meilleur résultat en 10 saisons puisque en effet la décennie se termine de façon peu glorieuse avec une nouvelle relégation et zéro point au compteur suite à une tentative de corruption envers l’Atalanta. Les équipes de Turin et de Milan ont définitivement pris le relais sur la scène italienne.

Ce sont les années des premiers derbys contre la Sampdoria

Les rossoblù ne retrouvent l’élite que deux saisons plus tard avec au passage un troisième titre de champion de Serie B. Mais alors que le football italien domine l’Europe, le Genoa n’est pas présent à l’ouverture de l’ère du football moderne et devient donc durant ces années une équipe de seconde zone et la seconde équipe de Gênes. En effet, le club est de nouveau relégué en Serie B en 1965 et y reste cinq saisons consécutives sans réussir à s’en dépêtrer, pire en 1970, c’est une relégation en Serie C pour la première fois de son histoire.

1970-1989 : les années ascenseurs

Le Genoa fête son retour en Serie A en 1973

Arturo Silvestri arrive sur le banc rossoblù et le Genoa regrimpe les échelons du football italien, remportant son groupe de Serie C (la promotion est fêtée devant 55.000 spectateurs !) puis en 1973 un quatrième titre de champion de Serie B afin de retrouver l’élite. Un retour fugace avec une nouvelle relégation suivie d’un cinquième titre de champion de Serie B deux saisons plus tard. Le Genoa devient alors la typique équipe adepte de l’ascenseur, c’est durant ces années qu’explose l’un des plus grands joueurs de l’histoire rossoblù, le buteur moustachu Roberto Pruzzo. L’ascenseur continue puisque le Genoa (après avoir été en tête au bout de 6 journées) finit de nouveau en Serie B en mai 1978 pour un but de moins que la Fiorentina.

Gigi Simoni entraineur et Roberto Pruzzo buteur

Cette fois-ci, il faudra trois ans avant de revenir parmi les grands, lors d’une édition de Serie B qui voit évoluer le Milan AC et la Lazio relégués suite au totonero l’année précédente, mais le Genoa entrainé désormais par Gigi Simoni se classe bon deuxième. De retour en Serie A, les saisons parmi l’élite sont toujours difficiles, le maintien en 1982 est symbolique avec un dernier match décisif contre Napoli et un duel à distance avec le Milan AC et les napolitains qui aideront les rossoblù à se sauver, naitra alors une étroite amitié entre les tifosi des deux clubs, mais ce sera pour mieux être relégué en 1984. Cette fois-si, le Genoa ne se relève pas et gît pas moins de cinq saisons en Serie B. Aldo Spinelli (ensuite propriétaire de Livorno) rachète le club et c’est un sixième titre de champion de Serie B lors de la saison 88-89 avec le professeur Scoglio sur le banc.

1989-1995 : Bagnoli et l’Europe

Skuhravy-Aguilera, le duo mythique de l’épopée du Genoa européen

Au début des années 90, on vit une sorte de revival avec un Genoa fringuant comme on ne le voyait plus depuis des décennies, Osvaldo Bagoli s’est assis sur le banc rossoblù, en attaque sévit le duo Skuhravy-Aguilera, 11ème la première année, c’est une triomphale 4ème place lors de la saison 90-91 synonyme de qualification en Coupe de l’UEFA qui rend moins amer le premier scudetto de la rivale Sampdoria. Le Genoa fait ses grands débuts dans une compétition européenne et atteint les demis après avoir battu Liverpool en quarts (et avoir été la première équipe italienne à gagner à Anfield), mais est éliminé ensuite par l’Ajax. Le cycle est court, car Spinelli vend régulièrement les meilleurs joueurs (dont le jeune Panucci) et le retour en Serie B arrive en mai 1995 malgrè le retour du professeur Scoglio. Durant ce cycle, les supporters rossoblu ont pu admirer Ruotolo, capitaine Signorini (qui décédera de la Sla), Eranio ou encore le brésilien Branco et ses coups-francs.

1995-2007 : l’anonymat

Gennaro Ruotolo, joueur le plus capé de l’histoire rossoblu avec 511 matches

C’est le début d’une longue période d’anonymat, avec des promotions seulement effleurées et notamment “l’affaire Montella“, meilleur buteur de Serie B en 1995-96 et vendu de suite à l’ennemi Sampdoria. La saison suivante malgrè la meilleure attaque et la meilleure défense, le Genoa ne finit que 5ème et loupe la montée. Mais c’est un dernier sursaut d’orgueil avant des saisons ternes dans le milieu de tableau de la Serie B. Le début du nouveau millénaire voit un Genoa au bord de la faillite et qui sans l’affaire Catania et un repêchage, aurait atterri en Serie C1 dès 2003. Le sauveur s’appelle Enrico Preziosi, qui apporte une manne financière importante et un projet, le club guidé par Cosmi et un certain Diego Milito, relève la tête et remporte le championnat en 2005 avant d’être relégué à la dernière place pour avoir acheté le match de la promotion face à Venezia selon la justice sportive. Les rossoblù repartent de la C1, remporte le championnat et font coup double avec le retour en Serie A l’été 2007 fêté en compagnie des “frères” napolitains.

2007-… : le grand retour

Diego Milito est le visage du renouveau du Genoa

Après 12 ans d’absence, c’est un retour par la grande porte avec Gasperini sur le banc et un jeu flamboyant. 10èmes la première année et les 19 buts de Marco Borriello, c’est une 5ème place la saison suivante synonyme de coupe d’Europe grâce au retour de Diego Milito qui inscrit 24 buts, il est vendu à l’Inter avec Thiago Motta l’été suivant. Éliminés en phase de poules de l’Europa League, Enrico Preziosi continue ses investissements mais chamboule trop souvent l’équipe à chaque mercato, elle perd ainsi beaucoup de repères. Les entraineurs se succèdent suite au licenciement de Gasperini en octobre 2010 et le Genoa glisse d’abord en milieu de tableau puis se sauve in extremis par deux fois, occupant à chaque occasion la place de premier non-relégable. En 2012, on assiste même à la fameuse scène des supporters contraignant leurs joueurs à enlever leur maillot, tandis que la bandiera Marco Rossi raccroche les crampons l’été suivant. Le Gasp fait ensuite son retour après l’échec Liverani et le club respire un peu.