En Août dernier, Andrea Agnelli, actuel président de la Juventus convoquait la presse pour une conférence à Rome au cours de laquelle il s’était chargé – accompagné par le membre du Conseil d’Administration et coordinateur légal de la Juve, Michele Briamonte, le professeur de Droit administratif à l’Université de Tor Vergata, Pasquale Landi, et l’avocat Luigi Chiappero – d’exposer aux journalistes la stratégie du club pour contre-attaquer la décision prise par le Conseil Fédéral. Ce dernier avait décidé le 18 juillet dernier de ne pas révoquer le scudetto 2006 attribué à l’Inter suite au scandale Calciopoli invoquant sa non-compétence. De son côté le numéro un bianconero avait invoqué fermement sept actions légales à venir dans le but de récupérer ce qui revenait à la Juventus de droit mais aussi pour un possible dédommagement financier suite à toutes les pertes causées par le scandale sur le bilan du club. Il fallait cependant le son de cloche pour déclarer concrètement la guerre à la FIGC et l’Inter.

Agnelli a eu ce qu’il voulait la semaine dernière avec l’acquittement de la Juventus au procès pénal de Naples. Auparavant le club avait déposé un recours au TNAS (Tribunal National Arbitral du Sport) avec comme principal motif de se plaindre de la présumée non compétence de la FIGC concernant la révocation du scudetto 2006 mais aussi pour sonder le terrain en vue de la réparation financière. Le TNAS déclarera se réserver le droit de décider de sa compétence ou non quant au litige du scudetto de 2006 (le TNAS s’est déclaré hier incompétent), par contre en tant que tribunal sportif il s’est refusé d’étudier la question financière renvoyant la Juventus vers le TAR (Tribunal Arbitral Régional du Latium) qui est un tribunal administratif plus à même de s’occuper de ça. Entre-temps, la Juventus est acquittée au procès pénal de Naples, le club n’a non seulement plus de comptes à solder avec personne mais peut maintenant constituer un dossier bien solide pour demander un consistant dédommagement financier à la FIGC et à l’Inter, chose faite lundi dernier auprès du TAR justement, on pouvait lire sur le site officiel ce qui suit:

“JUVENTUS FOOTBALL CLUB S.p.A. A déposé aujourd’hui auprès du Tribunal Administratif Régional de Lazio un recours sur la base de l’article 30 du code de justice administrative contre la Fédération Italienne de Football (FIGC) et contre la FC INTERNAZIONALE s.p.a., exigeant des indemnités pour les dommages injustes subis par l’illégitime exercice de l’activité administrative et par les mesures prises par la FIGC de l’été 2006 à 2011. Par cet acte, la JUVENTUS entend démontrer l’absence d’une parité de traitement et les conduites illicites qui l’ont générée, en obtenant des dommages et intérêts qui sont prudemment estimés à plusieurs centaines de millions d’euros pour diminution des recettes, perte de valeur de la marque, perte de chances et d’opportunités, coûts et frais. Le recours fait suite à la décision du Président du Tribunal National d’Arbitrage du Sport (TNAS) du 9 septembre 2011, qui a remis la Société devant le TAR pour la question liée aux dédommagements, et elle rentre dans la stratégie de protection de la Juventus devant tous les tribunaux, ce qui avait été annoncé lors de la conférence de presse du 10 août 2011.“.

Quant à lui, Agnelli déclarait sur le ton de la polémique à Parme en marge du prix “Sport et Politesse” qui lui a été remis pour son élégance et sa courtoisie “Ce n’est rien d’autre qu’une des sept actions que nous avions annoncées lors de la conférence de presse du 10 août. Évidemment, dans ce pays, tout le monde ne maintient pas toujours ce qu’il dit”. Sur le communiqué officiel, le montant du dédommagement financier n’est pas mentionné mais de sources sûres, on parle de 443,725 millions d’euros requis à la FIGC et l’Inter avec la grosse part du gâteau pour la fédération, cette somme est répartie et justifiée comme suit:

- 133,025 millions pour la chute du titre en bourse, en effet les actions du club sont passées de 2,1 euros par action à 1 euro après le scandale.
- 110 millions pour la perte de valeur de la marque Juventus notamment auprès des sponsors dont les contrats ont été rompus ou renégociés.
- 79,1 millions pour la non participation aux coupes européennes pendant deux ans à cause du scandale et de la relégation en Serie B.
- 60 millions de pertes sur le mercato avec l’exemple le plus symbolique d’Ibrahimovic vendu à 24,8 millions à l’nNter à cause de l’obligation de vendre du club et qui par la suite sera vendu au Barça au triple de cette valeur.
- 41,6 millions de diminution des recettes TV. Certainement que le club ne touchait plus la même somme sur les droits télé en étant en Serie B ou encore promu plutôt que champion de Serie A.
- 20 millions pour le retard généré sur la construction du stade par le scandale.

On a pas fini d’entendre parler de Calciopoli et le fait que la Juve requiert officiellement maintenant une somme aussi grosse à la FIGC ne va certainement pas apaiser les esprits, on ne badine pas avec l’argent, money is money…